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pelé au gouvernement de Cambray, serait bien aise de les avoir, afin de les utiliser pour des passe-ports. Les états généraux députaient en France Noël Caron, sieur de Schoonewalle, ancien bourgmestre du Franc de Bruges ; le prince lui commanda d’emmener le prétendu Guyon, que Villiers avait disposé à faire ce voyage (pp. 133-134, 168).

Ce n’était pas que Gérard ne s’éloignât à regret de Delft ; mais il lui importait d’écarter de lui toute défiance. Dans le même but, à peine arrivé en France, il écrivit qu’on lui promettait de le présenter bientôt au sieur de Beaujeu, qui voudrait sans doute récompenser en sa personne les services de son père (p. 134). Cependant, il n’avait ni repos ni sommeil, tant il était tourmenté du désir d’exécuter son entreprise afin d’être renvoyé en Hollande, il cherchait querelle, à tout propos, aux serviteurs du sieur de Schoonewalle, et il n’était sorte de mauvais tours qu’il ne leur jouât.

Sur ces entrefaites, le duc d’Anjou mourut à Château-Thierry (10 juin 1584). Le sieur de Schoonewalle, à l’instante prière de Gérard, le chargea, le 12 juin, des lettres par lesquelles il informait le prince d’Orange et les états généraux d’un événement qui pouvait avoir, pour les Provinces-Unies, de si graves conséquences (pp. 154, 168, 181). Guillaume était encore au lit, lorsqu’il reçut ces lettres ; il fit venir en sa chambre celui qui les avait apportées, et l’interrogea sur les particularités de la mort du duc. Selon ce qu’il confessa depuis, Gérard regretta de n’avoir pas en ce moment une dague, un couteau, ou même un canif, pour le plonger dans le cœur du prince (p. 134).