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vers la Hollande. Il ajouta qu’il était en position de rendre de notables services au prince, et, à l’appui de ses dires, il tira de sa manche un paquet rempli de cachets volants du comte de Mansfelt (pp. 131-133).

Ce récit, débité avec assurance par Gérard, était, à de légères variantes près, conforme au plan qu’il avait développé dans l’écrit remis au conseiller d’Assonleville (pp. 115-117, 140). Tout y était faux, à l’exception du séjour fait chez le secrétaire Dupré et du voyage de Trèves. On comprend pourquoi Gérard avouait qu’il avait demeuré avec son cousin ; il lui fallait justifier l’existence entre ses mains des blancs seings du comte de Mansfelt : on ne s’explique pas aussi bien le motif qui l’engageait à parler de son voyage à Trèves, et à imaginer la fable dans laquelle il l’enveloppait.

Le prince d’Orange, sur le compte qu’on lui rendit du discours de Gérard, voulut qu’il indiquât lui-même le parti qu’on pouvait tirer des cachets dont il était possesseur. Gérard répondit qu’on s’en servirait avec fruit pour quelque entreprise sur l’une ou l’autre ville du pays de Luxembourg, et en tout cas pour les espions qu’on enverrait dans les lieux occupés par l’ennemi. Le prince ne trouva pas qu’il fût possible de tenter quelque chose d’important par de tels moyens : il demanda seulement un certain nombre de cachets, qu’il se proposait de faire passer à Bruxelles, où ils seraient délivrés aux messagers qui allaient de cette ville à Cambray, et vice versa. Quant au reste, après en avoir conféré avec le sieur des Pruneaux, ambassadeur du duc d’Anjou près les Provinces-Unies, il jugea que peut-être le maréchal de Biron, qu’on désignait alors comme devant être ap-