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temps avec les hérétiques et athéistes, et aucunement s’accommoder à leurs façons (pp. 119-120). »

Le conseiller d’Assonleville fit quelques objections à Gérard ; il lui représenta, surtout, le danger auquel l’exposerait son entreprise, car le prince d’Orange était au centre de la Hollande, environné de ses gardes, de ses parents, de ses plus intimes amis. Gérard répondit qu’il en était bien certain, mais qu’il avait offert à Dieu le sacrifice de sa personne, afin de venir à bout de « ce monstre et peste publique, » et qu’il souffrirait volontiers toutes les peines qui lui seraient infligées, pourvu qu’il délivrât le pays d’un tel tyran. Il était persuadé que Dieu l’avait choisi pour exécuteur de la sentence de mort de Guillaume de Nassau, et rien n’était capable désormais de le détourner de la résolution qu’il avait prise (pp. 159-160).

Le prince de Parme, à qui d’Assonleville rapporta cet entretien, revint de son opinion première sur Gérard. Il comprit qu’il avait affaire à un homme énergique et déterminé. Alors, non-seulement il n’hésita plus à approuver son projet, mais encore il le fit exhorter à y donner exécution[1]. D’Assonleville, dans une dernière confé-

  1. Dans sa lettre française au Roi, du 12 août, Farnèse dit seulement : « Je le laissay aller, après l’avoir fait exhorter par quelques-ungz deceulx qui servent icy ; mais, dans sa lettre espagnole du 26 juillet, il est plus explicite : Le encaminé á ello, — ainsi s’exprime-t-il — c’est-à-dire littéralement : je le dirigeai vers cela. »

    Herrera, Historia general del mundo, etc., partie II, liv. XIV, ch. IX, dit que le prince de Parme fit endoctriner Gérard par le seigneur de Haultepenne (Claude de Berlaymont) et le comte