devient Madame la conſeillere ; ce
qui m’a cependant le plus déterminée ;
c’eſt que mon futur eſt un ſot et que
j’en ferai ce que je voudrai. Par ce
mariage je ſuis parente à tout ce qu’il
y a de mieux dans la ville ; j’aurai
même l’honneur d’être couſine iſſue
de germaine de Monſieur le lieutenant
général. Ma noce doit être brillante,
le repas ſe fera à l’hôtel de ville où
il y aura bal le ſoir. Je ris en moi-même
de mon changement d’état. Je
voudrois que tu fuſſes demain des convives,
ſurement tu t’amuſerois. Pour
moi je me prépare à bien m’ennuier.
Je ſerai aſſomée de politeſſe et il faudra
être embraſſée depuis le matin
juſqu’au ſoir ; mais ce qui me divertit
d’avance, c’eſt de penſer aux ſimagrées
que je ſerai obligée de faire quand
mon mari voudra me prendre ma
prétendue virginité. J’ai par précaution
fait ample uſage de vinaigre aſtringent
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