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Pauvre chétive créature,
Il eſt trop vrai, je conviens de mon tort ;
De tant d’êtres divers en peuplant la nature,
J’oubliai qu’un arrêt du ſort
Soumettoit tout à la loi du plus fort,
Et toi ſeule n’as rien pour repouſſer l’offenſe.
De griffes, ſi tu veux, je vais armer tes pieds ;
Ta bouche va t’offrir une belle défenſe. —
Avec les animaux cruels et carnaſſiers
Je ne veux pas de reſſemblance,
Dit la Brebis. — Aimes-tu mieux
Que ſous tes dents un poiſon — Ah ! grands Dieux. !
On les hait trop, ces bêtes venimeuſes.
— Eh bien, je vais parer ton front
De deux cornes majeſtueuſes,
Et de ton cou les forces s’accroîtront. —