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Nous sommes mieux renseignés par les catalogues de livres saints. Mekhithar d’Aïrivank, chroniqueur arménien de la fin du treizième siècle, insère dans son ouvrage une sorte de Canon biblique d’après Jean le Diacre, qui vivait à la fin du onzième siècle[1]. Les livres du Nouveau Testament y sont rangés dans l’ordre suivant : Quatre évangélistes : Jean, Matthieu, Marc, Luc. Actes des Apôtres. Épîtres catholiques : Jacques ; 1 et 2 Pierre ; 1, 2 et 3 Jean ; Jude. Apocalypse. [Épîtres de saint Paul : ] 1 et 2 Thessaloniciens, 1, 2 et 3 Corinthiens, Romains, Hébreux, 1 Timothée, Tite, Galates, Éphésiens, Philémon, Colossiens, Philippiens, 2 Timothée. Immédiatement après, le même chroniqueur indique un autre ordre pour les épîtres de Paul « suivant une liste trouvée par Clément[2] » : Romains, 1, 2 et 3 Corinthiens, Galates, Éphésiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2 Thessaloniciens, Hébreux, 1 et 2 Timothée, Tite, Philémon. Voici donc deux listes de livres canoniques, où notre apocryphe figure au même titre et à côté des deux épîtres authentiques. Ce fait suffit à montrer de quel crédit il jouissait à une certaine époque dans l’Église arménienne.

Il ne fut connu et cité pour la première fois en Europe que vers le milieu du dix-septième siècle. Le célèbre archevêque Usher (Usserius) fait mention, en 1644, d’un manuscrit arménien copié à Smyrne et contenant, avec une traduction italienne, la correspondance de saint Paul et des Corinthiens. Ce

    mise dans la bouche de saint Grégoire, mais il faut la chercher dans l’Histoire d’Agathange (éd. de Tiflis, 1882, p. 168 ; éd. de Venise 1835, p. 215). M. Thoumaian (Agathangelos et la doctrine de l’Église arménienne au Ve siècle. Lausanne, Georges Bridel, 1879) a bien cité le passage comme attribué à saint Paul, mais n’en a pas reconnu l’origine (p. 36). Le livre d’Agathange contient du reste quelques autres traces de notre apocryphe.

  1. Brosset, Histoire chronologique de Mekhithar d’Aïrivank, traduit de l’arménien. Saint-Pétersbourg, 1869, p. 23 (dans les Mémoires de l’Acad. imp. des sciences de Saint-Pétersbourg, 7me série, t. XIII, no 5).
  2. Ce Clément, que Mekhithar fait figurer sur une autre liste comme l’auteur d’un apocryphe intitulé : Quels livres doivent être admis ? est probablement, dans la pensée de l’auteur, Clément d’Alexandrie.