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nier ; et lorsque l’abbaye fut sécularisée au seizième siècle, ce fut le chanoine de tour ou chanoine chevillier qui fut chargé d’exercer cette surveillance.

Le prieur du collège était l’administrateur délégué de cette république minuscule ; il était responsable de l’ordre et des deniers ; il était nommé tous les ans, la veille de la Noël, par voie d’élection. Cette intervention du suffrage universel, qui vous apparaît comme le triomphe de la raison et de la liberté, était surtout une faiblesse ; il ne faut pas tabler sur la perfection de l’être humain, surtout du jeune homme ; il demeure toujours accessible à l’orgueil, à la cupidité et à tous les mauvais instincts : s’en remettre uniquement à lui du soin de gouverner, c’était ouvrir, toutes grandes, les portes à tous les abus.

Pour seconder le prieur et l’alléger dans sa besogne matérielle, un prévôt ou semainier était désigné ; c’était lui qui faisait la distribution quotidienne de pain, de vin, de viande et d’argent aux collégiats ; il dirigeait également la cuisine et faisait tous achats.

3o Le Patron du Collège et les abus.

Quel était celui qui avait le droit de désigner les collégiats de Saint-Raymond ? C’était évidemment l’abbé de Saint-Sernin. Mais ce haut personnage n’avait pas le temps de s’occuper de ces détails d’administration ; c’était le religieux qui portait le titre d’aumônier, tant que l’abbaye fut régulière : ce fut le chanoine de tour, quand elle fut sécularisée. Le cartulaire de 1422 est formel : « Hospicium sancti Ramundi pertinet elecmosinario ratione elecmosinarie et monasterii predicti ». (Arch. départ. Saint-Sernin, 641 : cf. Série B. XII. fo 102).

Mais cette désignation se faisait, hélas ! sous la pression de hauts personnages qui recommandaient des écoliers n’ayant aucun droit à cette faveur ; au lieu de pauvres jeunes gens, c’étaient des riches qui profitaient de ces places collégiales : « qui quidem clerici studentes recipientur ad preces et instantiam prelatorum, magnatum, officialium Regis, archiepiscopi et aliarum bonarum personarum… ». C’était un premier et très grave abus.

Il y avait, pour desservir la chapelle Saint-Raymond, deux prêtres perpétuels ; il y eut aussi des étudiants perpétuels. Le 30