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CHAPITRE IV.

moyens et du temps qu’on avait pour se préparer à un trajet peu considérable ; toutefois, je m’arrête ici.

Je suppose le radeau entièrement prêt, c’est le capitaine qui doit le commander. Bien coupable est celui qui a pu l’oublier. Les hommes de l’équipage, suivant des listes dressées à l’avance, et qui fixent à chacun son poste, s’embarquent sur cette machine, dans la chaloupe et dans les canots, nul n’emportant d’autres effets que les vêtemens qu’il a sur le corps. Chaque embarcation est commandée par un officier, secondé par un aspirant et un des premiers maîtres. Quelques hommes bien armés, et choisis seulement parmi les officiers mariniers, gabiers, chefs de pièces et chargeurs, se tiennent près d’eux. Sur le radeau se réunit, pour seconder le capitaine, tout ce qui reste d’officiers et d’aspirans disponibles, et des armes y sont distribuées à un petit nombre d’hommes d’élite pour maintenir l’ordre et la police. La yole (la plus petite embarcation), peu utile pour transporter des hommes ou pour remorquer le radeau, est commandée par le premier lieutenant, et destinée à voltiger pour porter dans toute la ligne les ordres du capitaine et en assurer l’exécution. Tout l’équipage embarqué, la chaloupe prend la remorque du radeau, et les canots viennent se donner une touline l’un à l’autre. Enfin le capitaine, assuré qu’il ne reste plus un seul homme à bord, en descend ; et, après avoir tourné un dernier regard vers son bâtiment, comme pour lui dire un éternel adieu, il donne le