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CHAPITRE IV.

hommes, mais nous eûmes bientôt des preuves cruelles de sa faiblesse. Il était sans voile et sans mâture. À notre départ de la frégate, on nous jeta cependant précipitamment le cacatois de perruche et le grand cacatois ; on le fit tellement à la hâte, que quelques hommes qui étaient à leur poste faillirent d’être blessés par la chute de ces voiles qui étaient enverguées : on ne nous envoya point de cordages pour installer notre mâture. Il y avait sur le radeau une grande quantité de quarts de farine qui y avaient été déposés la veille, non pour servir de vivres pendant le trajet de la frégate à terre, mais parce que les chapelets n’ayant pas réussi, on les déposa sur la machine pour qu’ils ne fussent pas entraînés par la mer ; six barriques de vin et deux petites pièces à eau : ces derniers objets, nous dit-on depuis, y avaient été mis pour l’usage des passagers. Qu’on nous permette une autre citation de M. Parisot, extraite du même ouvrage.

« Pour bien apprécier, dit-il, la possibilité qu’il y avait de prendre une foule de précautions qui eussent assuré le salut de tout l’équipage, il est à propos d’observer que dix-sept hommes restés à bord de la frégate y eussent encore été retrouvés tous, à l’exception d’un seul, quand on y revint pour la première fois, cinquante-deux jours après, si treize d’entre eux n’avaient pas pris le parti de la quitter sur un second radeau qu’ils avaient fait ; et ces hommes ayant pu tirer de la cale et des soutes une assez grande quantité de vivres, même du biscuit, il est clair que