Les chefs de la petite division qui devait nous conduire jusqu’à terre avaient juré de ne pas nous abandonner. Nous sommes loin d’accuser tous ces officiers d’avoir manque aux lois de l’honneur ; néanmoins un enchaînement de circonstances les força de renoncer au plan généreux qu’ils avaient formé de nous sauver ou de mourir avec nous. Ces circonstances méritent d’être scrupuleusement examinées, et notre plume guidée par la vérité, ne doit pas craindre de tracer des faits que cette même vérité nous impose le devoir pénible de raconter à la France entière. Ils sont d’une nature si étrange, que ce n’est pas sans de grands combats avec nous-mêmes et de longues hésitations que nous nous sommes déterminés à les faire connaître. Il est cruel d’avoir été la victime de tels événemens, et non moins affligeant d’en être l’historien. Nous avons à montrer jusqu’à quel point l’imagination de l’homme est susceptible d’être frappée par la présence du danger, et même de lui faire oublier