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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

abandonnés, et lorsqu’après cinquante-deux jours ont eut retrouvé la Méduse, il fut vérifié que le nombre de ceux qui y restèrent s’élevait à dix-sept. On dit que lorsque la dernière embarcation, qui était la chaloupe, déborda, plusieurs hommes refusèrent de s’y rendre, les autres étaient trop ivres pour songer à leur salut. Un nommé Dalès, l’un des dix-sept qui ne voulurent pas abandonner la frégate, a déposé dans le conseil que quatorze de ses camarades étaient remontés de la chaloupe, parce qu’ils ne la trouvaient pas susceptible de naviguer, et que lui, ainsi que deux autres, s’étaient cachés pour ne pas être forcés de s’embarquer. Nous ne connaissons pas les dépositions de ses deux compagnons d’infortune[1].

  1. Nous ajouterons à notre récit celui de M. Parisot, officier de marine éliminé.
    « Je vais maintenant passer en revue toutes les mesures prises pour sauver la frégate, depuis le moment où elle échoua jusques à celui où on l’abandonna avec une précipitation et un désordre inconcevable. Mais auparavant, je crois devoir témoigner combien l’ignorance du capitaine sur la route qu’il avait à tenir pour se rendre de France au Sénégal, a lieu de me surprendre. Je n’irai pas chercher quelles campagnes lointaines avait faites, avant la révolution, M. de Chaumareys, que l’on voit figurer comme lieutenant de vaisseau sur l’état de la marine, en 1792, ni quelle expérience il pouvait avoir acquise à cette époque où il était parvenu à un grade qui en suppose déjà beaucoup ; cette recherche rentre dans ces détails personnels que je me suis proposé de m’interdire ; mais je citerai ce qui est venu à ma connaissance pendant que j’étais à Brest, il y a trois ans. L’expédition du Sénégal