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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.
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aux pompes, soir au cabestan : il n’y avait plus de repas réglé ; on mangeait ce que l’on pouvait attraper. Le plus grand désordre régnait. Quelques matelots cherchaient déjà à piller les malles. Pendant la journée du 4, plusieurs barils de farine furent jetés à la mer, des pièces à eau défoncées, et les pompes jouèrent de suite. Des quarts de poudre à canon, objet de traite pour le Sénégal furent aussi débarqués.

Le soir, quelques instans avant la pleine mer, les travaux recommencèrent au cabestan. Les ancres ne vinrent pas cette fois-ci tromper nos espérances ; car après un instant de travail, la frégate fit sur bâbord un mouvement qui fut déterminé par une ancre à jet mouillée dans le nord-ouest. Le grelin qui était frappé sur son anneau venait par le devant du navire et tendait à le faire éviter, tandis qu’une autre ancre beaucoup plus forte, dont le câble passait par une des ouvertures de la poupe, tendait à l’empêcher de courir de l’avant, en maintenant son derrière, dont on maîtrisait les secousses au moyen de cette force. Ce premier ébranlement donna les plus grandes espérances ; on travailla avec ardeur.

Après de nouveaux efforts, la Méduse commença à éviter d’une manière sensible. On redoubla ; elle évita entièrement et présenta alors son devant au large. Elle était presque à flot ; son derrière seul touchait encore un peu. On ne put continuer les travaux, parce qu’on était trop près de l’ancre et qu’on l’eût soulevée. Si une touée se fût trouvée élongée au large, en con-