Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/511

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
505
SUR LA HOUILLÈRE DE BEAUJONC.

antres profonds, le dernier, il en sort. M. l’ingénienr en chef Mathieu, visite les travaux ; et, partageant la responsabilité que nous avions contractée, il se trouve heureux, comme nous, de n’avoir qu’à modérer tant de zèle.

« Déjà on est parvenu à se faire entendre de nos infortunés ; ils ont répondu au bruit par un bruit semblable ; on avance, le son de leurs outils qui brisent la mine se répercute ; on redouble d’efforts. Bientôt on ne les entend plus. Se reposent-ils de leurs fatigues ? ont-ils succombé ? quelle anxiété ! quelles angoisses mortelles compriment les âmes, sans diminuer le courage ! comme nous, chacune des personnes qui sont venues offrir leurs services, voudrait avoir le pic dans les mains pour hâter la délivrance de Goffin et de ses compagnons.

« MM. Loyens et Ansiaux disposent tout ce qui est nécessaire pour assurer les premiers secours de leur art. Tout est prêt : on approche ; ils vivent tous ; la voix de Goffin se fait entendre ; on touche au moment du succès. Enfin le dernier coup de pic détruit le dernier obstacle ; l’air en se mettant en équilibre produit une sorte de détonnation qui semble célébrer notre triomphe.

« Mais on commande aux tendres épanchemens des libérateurs pour des hommes qu’ils viennent d’arracher au séjour des morts. On modéré des sensations qui j quoique délicieuses, auraient pu leur devenir funestes, et l’on prend les plus sérieuses précautions