Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/510

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
504
RELATION

la plus affreuse, Mais Goffin et son fils sont avec eux, et ils vivent sous un règne fertile en prodiges ; l’espérance n’est donc pas éteinte dans leurs cœurs.

« L’espérance ! hélas ! leurs femmes, leurs enfans, leurs parens, leurs amis, tous ceux qui erraient autour du gouffre l’avaient perdue. Les sanglots, les cris annonçaient le désespoir général ; la consternation s’étend de proche en proche avec la nouvelle fatale. Notre âme, celle de Messieurs les ingénieurs des mines sont vivement affectées, mais non abattues, et si la douleur fut notre première sensation, le soin d’arracher à la mort tant d’infortunés, fut notre première pensée : surmonter tous les obstacles ou périr fut aussi la dernière résolution de tous ceux qui nous ont secondés.

« Aucun moyen n’est négligé, le bure Mamonster offre la seule route ; mais les plans ne donnent aucun renseignement exact, et les distances ne peuvent être calculées. Il faut franchir un espace inconnu, pénétrer plus de soixante mètres dans la mine, et se traîner dans le sein de la terre, pour pratiquer une issue. Les ouvriers accourent en foule, ils se disputent l’honneur de travailler a cette recherche ; on est obligé de modérer leur zèle, de ménager leurs forces. Lambert Colson, la famille Hardy, se signalent par des services de toute nature. Ernest Leclerc, Bernard, Gallant, Malaise, et tant d’autres que notre relation fait connaître, se distinguent par on zèle soutenu.

M. Migneron, ingénieur, ne quitte presque pas les travailleurs qu’il dirige : le premier il pénètre dans ces