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RELATION

du Pestay, et de celle-ci tombait, par le bure Beaujonc, dans celle du marais, que l’on exploitait dans ce moment et où il y avait cent vingt-sept ouvriers. La chute d’eau était donc de soixante-dix-huit mètres, distance entre les deux veines[1].

Au moment que le panier[2], rempli de houille, était enlevé, Mathieu Labeye, ouvrier chargeur, s’aperçut que l’eau tombait dans le bure, dont la profondeur est de cent soixante-dix mètres. Ses camarades crurent un instant que les tuyaux de la pompe à vapeur étaient engorgés, et que l’eau, n’arrivant point au jour, tombait dans le bure.

Cependant Labeye envoya Mathieu Lardinois pour avertir le maître ouvrier, Hubert Goffin, qui était dans une taille[3] à cinq cents mètres de distance. Celui-ci arrivant promptement et reconnaissant bientôt que les chargeurs se trompaient et que le danger était réel, son premier soin fut d’envoyer chercher son fils, Mathieu Goffin, âgé de douze ans.

  1. Les veines sont plus ou moins-épaisses, ainsi que leurs distances entre elles : elles sont sur un plan horizontal incliné d’un tiers par mètre,
  2. Le panier est une forte caisse carrée qui est soutenue par des chaînes aux quatre angles. Celles-ci sont accrochées à la grande chaîne, qui est mue par dix chevaux attelés au manège. La grande chaîne pèse 5 à 5,000 kilogrammes. Le panier enlève communément près de 3,000 kilogrammes de houille.
  3. Taille ou tranchée dans la veine.