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CHAPITRE II.

lant d’exécuter rigoureusement de prétendues instructions du ministre pour la route à suivre, c’était cependant enfreindre la principale, puisqu’il est inutile de former une division si elle ne doit marcher ensemble. La corvette de M. Venancourt parvint plusieurs fois, il est vrai, à rallier le commandant ; mais bientôt, par la supériorité de la marche de la Méduse, on la perdait de vue, et chaque fois on s’en réjouissait. Cette résolution de ne point faire voile de conserve, a surtout été la cause de la perte du bâtiment principal. l’Écho, pour avoir voulu, comme cela devait être, suivre son chef, a seul passé sur les Açores, nord-ouest du banc ; les deux autres bâtimens, restés long-temps en arrière, et beaucoup plus libres, suivant la route que le bon sens et la prudence indiquaient, en ont passé à plus de trente lieues dans l’ouest et ils ont ainsi prouvé que c’était la route la plus sûre et la plus courte.

À onze heures, la corvette nous restait par le bossoir de bâbord, et bientôt après M. Savigny vit que la direction de sa route faisait avec la nôtre un angle assez ouvert, et qu’elle tendait à nous croiser en passant sur l’avant ; il l’aperçut bientôt à tribord. On assure que ses journaux portent qu’elle gouverna toute la nuit à l’ouest-sud-ouest ; les nôtres aussi. Il faut nécessairement que nous soyons venus sur bâbord ou la corvette sur tribord, puisqu’elle n’était plus en vue. À six lieues en mer il est très-facile d’apercevoir un navire : il faudrait donc que de minuit à six