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PROCÈS

voir s’arrêter à aucun, et je ne retirais de toutes ces méditations laborieuses, qu’une fatigue morale poussée presque jusqu’au découragement.

Cependant la première édition de la relation de notre naufrage s’était rapidement épuisée ; la seconde, qui avait suivi de près, s’était vendue avec autant de promptitude, et cette heureuse circonstance me donna une vocation nouvelle : je songeai à former un établissement de librairie. Mille raisons inutiles à déduire me fortifièrent dans cette résolution. Je pris un brevet, et le 18 juillet 1818 j’ouvris mon magasin au Naufragé de la Méduse. J’espérais y vivre tranquille loin de touts les écueils, et à l’abri de toutes les tempêtes. Vain espoir : j’étais réservé à de nouvelles épreuves.

Peu de temps après mon installation, M. de Jouy eut la bonté de faire vendre chez moi la tragédie de Bélisaire. Ce fut pour certains journaux comme un signal d’attaque contre moi. Je dus mépriser ces diatribes.

Ainsi attaqué impunément dans ma réputation, je ne tardai pas à l’être dans mes intérêts. M. Eyriès fit pour MM. Ledoux et Tenré, et inséra dans un recueil intitulé Histoire des naufrages, un extrait (en vingt-neuf pages) de tout ce qu’il y avait de plus intéressant dans le nôtre.

Ce fut pour nous un notable dommage. Je poursuivis comme contrefacteur M. Ledoux, Eyriès et Tenré. M. Mars faisant les fonctions du ministère public, déclara qu’il y avait contrefaçon partielle aux