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CHAPITRE XV.

place de liège, de morceaux de bois légers de l’asclépias gigantesque. Les canots sont en fromagers, et les voiles en toile de coton.

« Plusieurs arbustes et une grande quantité de plantes herbacées de cette partie de l’Afrique lui sont communes avec la flore des Antilles. Mais parmi les indigènes on remarque le jasmin du cap, l’amaryllis rubannée, la néotie gracieuse, l’hæmantus écarlate, la gloriosa superba, et quelques espèces de nérioes de la plus grande beauté. Une nouvelle espèce de calebassier ( crescentia) à feuilles pinnées y est fort commune. Elle parait avoir été confondue par les voyageurs avec les boababs, par la forme de ses fruits, la grosseur de son tronc et le port de ses branches. Son bois, qui est fort dur et de couleur fauve a le grain et l’odeur de l’ébène ; son nom joloff est bonda. Les Anglais en ont coupé et exporté la plus grande partie. L’Afrique enfin, telle qu’on l’a vue, soit sur les rives du Sénégal, soit dans la presqu’île du cap Vert, est un pays neuf qui promet au naturaliste une ample moisson de découvertes, et au philosophe observateur de l’homme un vaste champ de remarques et d’observations. Puisse l’abominable traite des hommes que les noirs abhorent, et que les Maures désirent, cesser de souiller ces rivages ! c’est là le seul moyen qui reste aux Européens de connaître l’intérieur de ce continent, et de faire participer cette grande portion de la famille humaine qui l’habite, aux bienfaits de la civilisation. »