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CHAPITRE XV.

gées en tuf, sont arides et couvertes de broussailles épineuses. Le terrain des Mamelles, comme presque tout celui du milieu de la presqu’île, et qui paraît reposer sur des laves argilleuses et en décomposition, vaut beaucoup mieux. On y remarque même çà et là quelques endroits d’une grande fertilité ; il forme la campagne arable de la population. Vers le sud, tout reprend plus ou moins l’aspect du désert, et les sables dès-lors, quoique cependant moins dépouillés de terre végétale, s’étendent jusqu’au bord de la mer. C’est en fumant les terres du milieu avec la fiente de leur bétail, que les noirs y recueillent d’assez belles moissons de sorgho. La population de cette péninsule peut s’estimer à 10, 000 âmes, de tout âge et de tout sexe. Elle est tout entière de race jolloffe, et montre beaucoup de zèle pour toutes les pratiques de l’Islamisme. Des marabous ou prêtres, quelquefois montés sur le sommet des loges de termites, ou sur le mur d’enceinte de leur mosquée, y appellent plusieurs fois le jour le peuple à la prière.

L’état social de ce petit peuple est une espèce de république que gouverne un sénat composé des chefs de la plupart de ses villages. Il a pris dans le Coran l’idée de cette forme de gouvernement, comme la plupart de celles qui dirigent ceux qui suivent cette loi.

« Voici quelle était, à l’époque de l’expédition de la Méduse, la composition de ce sénat :