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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

noirs, habitans de la Sénégambie, retirent de l'adansonia ou baobab. De ses feuilles desséchées ils font une poudre qu’ils appellent lalo et qu’ils font entrer comme assaisonnement dans presque tous leurs mets. Ils se purgent avec ses racines ; ils boivent l’infusion chaude de son écorce gommeuse pour se guérir des affections de poitrine ; ils tempèrent l’inflammation des éruptions cutanées auxquelles ils sont sujets, en appliquant sur les parties malades des cataplasmes faits avec le parenchyme du tronc ; ils composent une boisson astringente avec la pulpe de ses fruits ; ils se régalent de ses amandes ; ils fument, en place de tabac, le calice de ses fleurs ; et souvent, séparant en deux les capsules globuleuses et laissant leur long pédoncule ligneux fixé à l’une de ses moitiés ainsi desséchée et durcie, ils en forment une large cuiller propre à puiser de l’eau.

On a reconnu que la substance appelée très-improprement terre sigillée de Lesbos, n’était autre chose que la poudre tirée de la pulpe du fruit du baobab. Les Mandinges et les Maures portent ce fruit, comme objet de commerce, dans différentes parties de l’Afrique, notamment dans l’Égypte : de là il passe dans le Levant. C’est là que cette pulpe est réduite en poudre et nous arrive par le commerce. On en a long-temps méconnu la nature ; c’est Prosper Alpin qui, le premier, a reconnu que c’était une substance végétale.

Après l’île de Sor, dans la partie du sud, se rencontre l’île de Babagué, séparée de la première et de