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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

Cependant, le 20 juillet, il reçut un billet de M. Jubelin, par lequel on l’invitait à passer à la marine de la part de M. le baron Portal. Son cœur s’ouvrit à cette lueur d’espérance. C’était simplement pour savoir « s’il était vrai qu’il eut reçu une conduite pour se rendre de Rochefort dans ses foyers. » Il répondit affirmativement, et l’on en parut fort étonné, car on venait d’en refuser une à M. Richefort, qui la sollicita en vain, quoiqu’étant également un des naufragés. Il profita de l’occasion pour s’informer si l’expédition de Cayenne était sur le point de partir. Aux réponses vagues qu’on lui fit, il représenta combien lui et les autres naufragés du radeau étaient malheureux de ne pouvoir rien obtenir, tandis que quelques officiers de la frégate avaient été nommés à des commandemens[1]. M. Jubelin lui répondit que le ministère ne leur devait rien, à lui particulièrement ; qu’il était parti de sa propre volonté, et s’était engagé à ne demander au ministre rien autre chose sinon les objets

  1. Il paraîtra au moins extraordinaire que plusieurs officiers de la frégate aient obtenu des récompenses, tandis que nous, mutilés, affaiblis par nos malheurs, sommes forcés de nous créer des moyens d’existence. M. Savigny, depuis notre catastrophe, est continuellement accablé de vives douleurs ou de fièvres qui, sur un mois, l’enlèvent au moins quinze jours à ses occupations, et c’est dans cet état que, pour échapper au besoin, il est obligé de se livrer à tout ce qu’a de pénible l’exercice de la médecine dans les campagnes.
    1°. M. le lieutenant en pied a obtenu le commandement de