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CHAPITRE XIV.

qu’une juste idée des obstacles de toute nature dont les meilleurs princes sont comme enveloppés à leur insu, et qui repoussent ou détournent le bienfait, toujours prononcé dans leur cœur au moment où il est près de s’en échapper.

Il présenta une première demande à S. A. R. Monsieur. Il y sollicitait la décoration de cet ordre, institué pour récompenser tous les genres de mérite civil ou militaire, pour répandre dans toutes les classes de la société les nobles flammes de l’émulation ; de cet ordre qui fut offert à Goffin, dont la fermeté sut forcer ses compagnons abattus à espérer au secours qu’on leur préparait ; qui vient d’être décerné à plusieurs des naufragés de la Caravane[1] qui se sont montrés dans leur désastre aussi généreux qu’intrépides, mais qui, d’ailleurs, ne peuvent se plaindre que des élémens, et n’ont eu à combattre que la tempête.

Il a tout lieu de croire que Monsieur eut la bonté d’apostiller sa demande ; mais il n’a pu découvrir où, ni comment elle s’était égarée en chemin, sans parvenir à sa destination. Les recherches qu’il fit au secrétariat du prince, ne lui firent rencontrer qu’un

  1. La flûte la Caravane, commandée par M. Lenormand de Kergrist, a péri dans le terrible coup de vent qui s’est fait sentir à la Martinique et à quelques autres Iles, du 21 au 22 octobre dernier. MM. Fournier, lieutenant de vaisseau ; Legrandais et Lespert, enseignes ; Paulin, contre-maître, ont reçu la décoration de la Légion d’honneur pour leur conduite dans cette circonstance. ( Voyez le Moniteur du 12 janvier.)