Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

ration de la légion d’honneur, qu’on lui avait fait espérer.

Pendant ce temps, il ne négligea rien de ce qui lui semblait devoir concourir à lui faire atteindre le but qu’il avait cru pouvoir se proposer, sans être accusé de prétentions exagérées.

Poussé par les conseils d’un grand nombre de personnes qui, par leurs lumières, ainsi que par leurs nobles et généreux sentimens, lui commandaient la plus entière confiance, il prit le parti de remonter aux sources mêmes des grâces, de porter dans le palais des rois le spectacle de son étrange infortune, d’appeler sur lui cette bonté héréditaire dans la famille des Bourbons, et qu’à la vérité bien d’autres malheureux n’ont pas sollicitée en vain. Mais l’influence maligne de l’astre ennemi qui, depuis si long-temps, poursuivait M. Corréard, continua sans doute encore ici de se manifester. Ni lui, ni personne n’en accusera le cœur des personnages auxquels il adressa ses vœux ; mais soit que la timidité, compagne ordinaire du malheur, ou une certaine délicatesse l’aient empêché de multiplier des instances qu’il craignait de rendre importunes ; soit que, comme dans la foule de solliciteurs qui assiègent les princes, il est humainement impossible qu’il n’y en ait pas quelques-uns d’oubliés ou de moins remarqués, son mauvais sort ait placé M. Corréard dans cette catégorie moins favorisée ; soit l’effet de toute autre cause malfaisante inconnue, il ne reccueillit encore de ce côté que de vaines espérances, ainsi