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CHAPITRE XIV.

six ans, et fait autant de campagnes de mer. En se retirant du service, cet officier de santé, qui déjà avait manqué de périr plusieurs fois dans les flots, a emporté les regrets des chefs sous lesquels il a été employé, ce dont on peut juger par la copie du certificat[1] qu’ils lui ont délivré, lorsqu’il s’est démis de son poste.

Tel fut pour M. Savigny le résultat de ses démarches auprès des autorités. Voyons maintenant quel sort était réservé à M. Corréard, depuis son départ de Rochefort jusqu’au moment où il a pu se réunir à son compagnon d’infortune, pour écrire ensemble la relation de leur naufrage.

Le 4 février 1817, se croyant totalement rétabli, il se décida à partir pour Paris, où des affaires d’intérêt l’appelaient ; mais comme ses moyens pécuniaires étaient faibles, et qu’il lui fallait faire des dépenses assez fortes pour s’habiller (car il était presque nu en descendant de la flûte la Loire ), il crut pouvoir faire la route à pied. La première journée de marche,

  1. Le conseil de santé certifie que M. Jean-Baptiste-Henri Savigny a été employé en qualité de chirurgien entretenu de 3e classe, par concours, le 15 avril 1811, jusqu’au 5 mai 1817, et que dans son service, tant à terre qu’à la mer, il a fait preuve de zèle, d’émulation et de bonne conduite.
    Ce n’est pas sans regret que le conseil de santé a vu se retirer du service un sujet aussi distingué par ses talens que l'est M. Savigny.
    Signé MM. Chaslon, Tuffet, Réjou.