Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
CHAPITRE XIV.

contraire de ce qu’ils avaient vu, de tout ce qui s’était fait pour nous perdre. On vient de voir plus haut le noble désaveu fait par M. Griffon, des fausses impressions qui l’avaient abusé à notre égard ; pour achever d’éclairer l’opinion du lecteur sur le rapport dirigé contre nous, nous consignons ici une pièce non moins précise et non moins décisive : c’est une déclaration de M. Touche-Lavillette qui reconnaît avoir signé de confiance une pièce dont il ignorait le contenu, aussi-bien que la fin qu’on s’était proposée en la rédigeant[1].

Ainsi appuyé d’autorités dont chacun peut maintenant apprécier la valeur, ce rapport aussi tardif qu’in-

  1. Je soussigné chef d’atelier des ouvriers sous les ordres de M. Corréard, ingénieur-géographe, l’un des membres de la commission déléguée par son Exc. le ministre de la marine et des colonies, pour aller reconnaître le Cap-Vert et ses environs, certifie qu’il m’a été présenté, dans le mois de novembre 1816, un Mémoire à signer, par ordre du gouverneur du Sénégal ; qu’à cette époque, étant à l’hôpital de l’île de Gorée, pour me faire traiter d’une fièvre épidémique qui régnait alors sur le Cap-Vert, elle m’occasionnait parfois des accès de folie ; qu’en conséquence, l’altération de mes facultés morales, et même l’état de démence dans lequel je me trouvais, a fait que j’ai signé cette pièce sans en prendre connaissance ; il parait qu’elle tendait en partie à désapprouver la conduite de M. Savigny sur le radeau, et pour laquelle je ne lui dois que des éloges ; il parait encore, d’après ce qui m’a été dit, qu’on m’a fait certifier que la remorque s’était cassée, et n’avait point été larguée ; je déclare que ma signature apposée au bas de ce Mémoire m’a été subtilisée, et comme telle est nulle et non avenue : en foi de quoi j’ai délivré le présent certificat,