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CHAPITRE I.
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voulurent s’emparer de la colonie. C’est là, disait-il, qu’une flotte nombreuse, commandée par un des plus braves généraux de mer que compte la marine anglaise, est venue échouer devant une poignée de Français qui s’y couvrirent de gloire et sauvèrent Ténériffe. C’est là que ces braves, dans un combat long et opiniâtre, achevèrent à coups de canon la défaite de cet amiral qui y perdit lui-même un bras et se vit forcé de chercher son salut dans la fuite.

À Trafalgar, continua-t-il, si l’amiral Villeneuve n’eut pas été trahi, si ses combinaisons n’eussent pas été trompées par la perfidie d’un contre-amiral placé sous ses ordres, nous achevions ce que nous avions si bien commencé dans cette petite baie ; et qui peut dire quels auraient été alors les résultats d’une victoire navale ?

Nous continuâmes de côtoyer cette île jusques devant Sainte-Croix, et nous louvoyâmes pendant six heures devant cette ville qui nous parut présenter un fort bel aspect. Nous jugeâmes que les maisons étaient d’un assez bon goût ; nous crûmes nous apercevoir aussi que les rues étaient grandes et bien alignées. Vue de la mer, la ville, qui est en amphithéâtre, paraît située dans l’enfoncement que présentent deux branches distinctes de montagnes, dont l’une, vers le sud, forme le pic proprement dit. De loin, on remarque surtout les tours sveltes et les clochers élancés des églises dont la construction rappelle l’architecture arabe.

Vers midi, la corvette l’Écho, qui nous avait