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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

tion de trois ou quatre jours de gros temps, pendant lesquels nous fûmes à la cape ; nous étions alors entre les Açores et le cap Finistère ; et la mer fut si forte, que nous perdîmes presque tous les animaux qu’il y avait à bord : la majeure partie fut écrasée par des caisses qui roulaient dans l’entrepont, et par une infinité d’objets qui se trouvaient déplacés par les grandes secousses qu’éprouvait le navire.

La majeure partie de ces animaux, qui étaient presque tous très-rares et fort curieux par leur beauté ou par leur intelligence, appartenaient en grande partie nu colonel Beurthonne dont nous avons déjà parlé ; il retournait en Angleterre pour y rétablir sa santé. Nous avions encore à notre bord le commandant Poincignon, homme d’un talent distingue, ayant des connaissances générales sur tout, et s’occupant plus particulièrement d’histoire naturelle, dont il a fait une étude approfondie. Mais par compensation, nous avions aussi le digne M. de Chaumareys, ex-commandant de la Méduse, retournant en France pour y rendre compte de sa mission. Ce dernier, en se promenant sur le pont, eut plusieurs fois occasion de m’adresser la parole (à M. Corréard) ; sa conversation était des plus singulières ; elle avait toujours pour but de prouver son innocence ; il rejetait tous nos malheurs sur le gouverneur Chmaltz : il rappelait avec juste raison, la mésintelligence qu’il avait semée dans son état-major, lorsqu’il voulut faire donner le poste de lieutenant en pied à M. Espiau, en remplacement