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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

partaient pour leur grand voyage de l’intérieur de l’Afrique. Au moment de leur séparation le respectable major Peddy s’empressa encore de donner à M. Corréard les dernières marques d’un véritable intérêts, non-seulement par son inépuisable générosité, mais encore par des conseils que l’événement a rendus très-remarquables pour nous, et que, par cette raison, nous croyons devoir consigner ici. Voici donc à peu près le discours que tint à M. Corréard le bon major, à leur dernière entrevue. « Puisque votre intention, lui dit-il, est de retourner en France, veuillez bien, avant tout, me permettre de vous donner un conseil ; je suis persuadé que si vous voulez le suivre, vous pourrez un jour vous en féliciter. Je connais les hommes, et sans prétendre deviner au juste quelle sera la conduite de votre ministre de la marine à votre égard, je ne m’en crois pas moins bien fondé à présumer que très-probablement vous n’obtiendrez aucun secours de lui : car rappelez-vous bien qu’un ministre qui a fait une faute et surtout une faute grave, ne veut jamais qu’on lui en parle, ni même qu’on lui présente les individus et les objets qui pourraient lui rappeler son impéritie. Ainsi, croyez-moi, mon ami : au lieu de prendre la route de Paris, prenez celle de Londres. Là vous trouverez une foule de philantropes qui viendront à votre secours, et je puis vous assurer que désormais vous ne manquerez de rien. Vos malheurs ont été portés à un si haut degré qu’il n’est pas d’Anglais qui ne se fasse un véritable plaisir de venir à votre