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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

longues privations ! Les deux tiers furent terrassés par des fièvres putrides ; la marche rapide de l’invasion laissait à peine aux médecins le temps de faire usage de ce médicament précieux, présent du Pérou, dont, par un vice d’administration, les hôpitaux se trouvèrent presque dénués. Ce fut dans ces pénibles circonstances que M. de Chaumareys vint prendre le commandement du camp. De nouvelles mesures y furent ordonnées, et le quinquina ne fut plus soustrait des hôpitaux ; mais des dyssenteries souvent mortelles se répandaient partout.

Le quina, que l’on commença à administrer dès-lors, avait été avarié ou plutôt volé ; mais à défaut de cette écorce, on cherchait à la remplacer par celle dont les noirs fout usage pour se guérir de la dyssenterie, et qu’ils apportent des environs de Rufisque. Cette écorce, dont ils faisaient mistère, semble provenir de quelques térébinthacées, et peut-être des mombins, communs vers cette partie de la côte. Dans les fièvres d’hivernage qui ont eu lieu à Gorée, au Cap-Vert, etc. on suivit deux méthodes de traitement qui eurent des effets différens. Ces fièvres étaient souvent compliquées de spasmes d’estomach, de coliques et de diarrhée. La première de ces méthodes consistait à faire vomir, à purger et à administrer ensuite le kina, auquel on ajoutait parfois du musc, lorsque le mal empirait. Dans ce cas, lorsque la mort ne terminait pas la maladie, la dyssentcrie succédait souvent à la fièvre, ou ceux qui se croyaient guéris étaient sujets à des re-