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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

est dans la marine, il n’a jamais vu un bâtiment aussi bien tenu, et où le service se fit avec autant de régu-


    jardin à la salle à manger. Un marchand ambulant lui porta un jour un morceau de charbon de terre, et Schmaltz s’extasie sur la découverte d’un combustible précieux, là précisément où l’on croyait en manquer. Il écrit à l’amiral des Mémoires détaillés ; il fait dresser des plans pour l’exploration d’une mine du plus grand prix ; il séduit tellement le général Linois, qu’il le rappelle près de lui pour avoir plus de détails sur la découverte d’une mine inépuisable, et le renvoie bientôt pour en commencer l’exploitation. De retour sur les lieux, Schmaltz demande sa mine, on lui rit au nez ; il demande son marchand, il était parti ; et l’amiral en fut pour des frais de voyage, des dessins, des plans de machine, exécutés d’une manière dispendieuse, pour l’exploitation d’une mine qui n’existait pas.
    L’ex-gouverneur n’est pas plus heureux comme ingénieur-constructeur que comme ingénieur des mines. Pendant qu’il commandait au Sénégal, il lui prit fantaisie de faire construire un navire d’après ses plans, et qui fut nommé l’Elisa mais la conception de ce bâtiment était tellement contraire à toutes les lois de l’hydrostatique, qu’il fut démoli avant d’être mis à flot, acte de prudence de la part de l’auteur. Comme agriculteur, il a obtenu aussi peu de succès. Il saisit avec transport une idée de Fleuriau, et fit planter des cotonniers à Saint-Louis, mais aux yeux de toute la colonie, les cotonniers-fleuriau jetèrent le plus vilain coton du monde. Tel est l’homme qui est sur le point d’être nommé architecte-restaurateur de Chambord ; il n’a aucun droit pour obtenir un pareil emploi, il est incapable de le remplir, raison excellente pour qu’il lui soit donné ; ce sera une branche de plus à ajouter à toutes celles qu’il a cultivées d’une manière si brillante ; et comme il a, ou