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CHAPITRE I.
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Cette erreur dans l’arrivage était au moins de trente lieues dans l’est. Elle fut attribuée aux courans du détroit de Gibraltar, qui nous avaient drossés avec violence. Si cette erreur dépend effectivement des courans du détroit, elle mérite attention pour les navires qui fréquentent ces parages. Toute la nuit nous cou-

    se dispenser de prendre connaissance de Madère et de Porto-Santo, en se rendant dans les Indes orientales, d’autant plus qu’il existe plusieurs écueils aux approches de ces terres. Outre les bancs de roches, dont nous avons parlé plus haut, il en existe encore un autre dans le nord-est de Porto-Santo, sur lequel plusieurs navires se sont perdus. De nuit, tous ces récifs sont très-dangereux ; de jour on voit leurs brisans.

    M. le commandant P*** pense qu’il vaut encore mieux, lorsqu’on se rend d’Europe sur les côtes occidentales de l’Afrique, situées au nord de la ligne, passer entre les Açores et les îles de Madère, et ne prendre connaissance de terre qu’à une latitude peu éloignée du point où l’on veut atterrir. Le besoin de se pourvoir de rafraîchissemens peut seul autoriser des bâtimens qui font voile pour le cap de Bonne-Espérance ou pour le sud de l’Amérique, à relâcher aux îles Canaries ou à celles du Cap-Vert. Nonobstant la profondeur des canaux qui séparent les premières de ces îles, ces parages, sujets aux calmes comme aux bourrasques, ne sont pas sans dangers. On a en outre, en s’éloignant, l’avantage d’éviter l’influence du courant de Gibraltar, et on ne court pas les risques de rencontrer les vents du nord-ouest qui règnent généralement le long des côtes désertes, et encore trop peu connues du désert de Sahara ; que la Méduse a fort inutilement longées, et qui tendent à rapprocher les navires du dangereux banc d’Arguin.