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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

après avoir été en proie aux souffrances les plus cruelles. On orienta, et l’on fit route.

La corvette l’Écho venait de nous rejoindre, et pendant assez de temps nous naviguâmes à portée de la voix ; mais bientôt nous la perdîmes de nouveau. Le 25, pendant la nuit, nous louvoyâmes, craignant de nous jeter sur les huit roches qui brisent et qui sont situées, la plus nord par 34° 4’ de latitude, et la plus sud par 34° 30’ ; de manière que l’étendue de ce danger est d’environ cinq lieues du nord au sud et d’environ quatre lieues de l’est à l’ouest. La roche la plus vers le sud est éloignée d’environ quarante lieues au nord, 5° est de la pointe est de Madère.

Le 27, au matin, on s’attendait à voir l’île de Madère, mais nous courûmes inutilement jusqu’à midi, heure à laquelle le point fut fait pour s’assurer de notre position. L’observation solaire nous mettait est et ouest de Porto-Santo, on continua sur le même bord, et le soir, au coucher du soleil, les vigies placées au haut des mats crièrent terre ![1]

  1. Nous ne savons pas pourquoi le gouvernement fait tenir cette route à ses bâtimens, tandis qu’on peut se rendre directement aux îles Canaries ; il est vrai qu’elles sont souvent embrumées ; mais il n’y a pas de dangers dans les principaux canaux qu’elles forment, et elles occupent un espace si grand, qu’il est impossible de ne pas les reconnaître avec facilité. Elles ont encore l’avantage d’être placées dans les parages des vents alisés, quoique cependant des vents d’ouest y soufflent quelquefois plusieurs jours de suite. Nous croyons qu’on peut