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CHAPITRE XI.

présumer qu’il n’y avait dans la colonie que cette seule goélette. Il est de notre devoir de le détromper ; plusieurs autres négocians offrirent leurs navires, mais ils furent refusés. Le gouverneur aima mieux traiter avec une seule maison, que d’avoir des comptes à régler avec une partie des négocians de la colonie, qui cependant voulurent mettre à sa disposition tout ce qui était en leur pouvoir. MM. Durécu et Potin furent les commerçans favorisés[1] : ils firent au gouverneur, en vivres et en argent, de fortes avances, qui se sont élevées à 50,000 fr. ; ils eurent continuellement dans leur maison M. Chmaltz, sa famille et une suite nombreuse. L’opinion générale était que ces MM. Durécu et Potin avaient tiré de leurs actes de générosité un bénéfice honnête de 100 pour 100 ; cela est si vrai que M. Valentin père offrit la même qualité de vin à 250 fr. la barrique, tandis qu’on la payait 400 fr. à M. Durécu ; et cependant on refusa les offres de M. Valentin, ainsi que celles de tous les marchands de Saint-Louis : néanmoins M. Durécu fut récompensé, à la demande du gouverneur son digne ami, par cette décoration qu’une action d’éclat (et non un coup de commerce très-lucratif) semble seule devoir mériter.

Voici l’extrait d’une lettre que m’écrivit M. Valentin

  1. (t) Cette maison fait tout le commerce du Sénégal ; sa raison y a remplacé la compagnie d’Afrique, surtout depuis qu’elle fait la traite des noirs.