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CHAPITRE X.

il avait vu les armées dans la Haute-Égypte, en allant faire son pélerinage à la Mecque. M. Kumnier répondit oui. Alors le roi et toute sa suite s’extasièrent de surprise ; ils ne concevaient pas comment un simple général d’armée avait pu s’élever à la dignité d’empereur : il parait que ces peuples avaient cru jusqu’alors que Napoléon et Bonaparte étaient deux personnages différens. On demanda également à M. Kummer si son père avait fait partie de l’armée d’Égypte ; il répondit que non, que c’était un marchand très-paisible qui n’avait jamais porté les armes. M. Kummer continua son récit. Il étonna de plus en plus le roi des Trasas et toute sa cour. Le lendemain Zaïde voulut encore voir les deux blancs, de qui il apprenait toujours quelque chose de nouveau. Il renvoya les Maures ses sujets qui avaient amené M. Rogery, et ordonna à son fils, le prince Muhammed, accompagné d’un de ses ministres, de deux autres Maures de sa suite et d’un esclave, de conduire les deux blancs à Andar. Ils avaient avec eux des chameaux pour les porter, ainsi que leurs provisions. Zaïde, avant de les congédier, les fit rafraîchir, leur donna des vivres pour faire une partie de leur route, et conseilla à M. Kummer de confier sa montre à son fils, disant que par là, il éviterait que les Maures ne s’en emparassent, et qu’il la lui rendrait à son arrivée à Saint-Louis. M. Kummer obéit de suite ; le prince exécuta fidèlement les ordres de son père.

Avant le départ des deux Français, le roi voulut leur montrer son respect pour les lois qui régissent