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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

ses soldats l’étaient de sagayes ou lances, et de petits sabres à la turque. Le roi a toujours à ses côtés son noir favori, qui porte un collier de perles rouges, et se nomme Billaï. Zaïde accueillit les deux blancs avec bonté, ordonna qu’ils fussent bien traités, et qu’on laissât tranquille M. Rogery, qui continuellement était tourmenté par les enfans. M. Kummer était beaucoup plus gai, et s’étourdissait sur ses malheurs. Il écrivait l’arabe, de plus il s’était fait passer pour le fils d’une mahométane ; tout cela plaisait beaucoup aux Maures, qui le traitaient bien, tandis que M. Rogery, profondément affecté de son sort, et venant de perdre ses dernières ressources, se livrait à ses inquiétudes sur la bonne foi des Maures. Dans la journée, le roi ordonna à M. Kummer de lui faire part des événemens de notre révolution ; déjà il connaissait ceux de la première. M. Kummer ne comprenait pas très-bien ce que le roi exigeait de lui. Zaïde ordonna à son premier ministre de tracer sur le sable la carte d’Europe, la Méditerranée et la côte d’Afrique qui borde cette mer ; il lui désigna l’île d’Elbe, et lui ordonna de raconter les circonstances qui avaient eu lieu dans l’invasion de 1815, depuis le moment où Napoléon en était sorti. M. Kummer profita de ce moment pour réclamer sa montre, et le roi ordonna à son fils de la rendre au Toubabe, qui alors commença sa narration ; et comme dans le récit, il nommait l’ex-empereur tantôt Bonaparte, tantôt Napoléon, un marabou, au nom de Bonaparte, l’interrompit, et lui demanda si c’était ce général dont