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CHAPITRE X.

cevaient l’espérance de s’emparer des débris et d’une grande quantité d’effets que les naufragés, à ce qu’ils croyaient, avaient été obligés d’abandonner sur le rivage. Cette promesse faite, M. Kummer alla examiner les tentes et les troupeaux du chef de cette tribu, qui le conduisait lui-même, et lui vantait ses richesses et ses dignités. Il lui dit qu’il était le prince Fune-Fahdime Muhammed, fils de Liralie Zaïde, roi des peuples maures nommés Trazas ; que lorsqu’ils seraient de retour des bords de la mer, il le conduirait devant le roi son père, et que là il verrait ses nombreux esclaves, ses immenses troupeaux. En parcourant les différentes positions du camp, le prince Muhammed s’aperçut que M. Kummer avait une montre ; il demanda à la voir, et il fallut bien la montrer sans résistance. Le prince la prit, et après une première inspection, il dit à M. Kummer qu’il la lui rendrait quand ils seraient arrivés à Andar, ce qui fut par la suite ponctuellement exécuté. Ils arrivèrent enfin à la tête du troupeau, et notre naturaliste fut témoin des soins extraordinaires que ces peuples donnent à leurs bestiaux. Les chevaux et les chameaux étaient dans un lieu particulier, et tout le troupeau était répandu sur les bords d’un grand marigot salé. Derrière eux les esclaves avaient formé une ligne de feu très-étendue, pour chasser les moustiques et les autres insectes qui tourmentent ces animaux : tous étaient d’une rare beauté. En parcourant avec le chef des Maures les divers quartiers du camp, M. Kummer ne vit pas