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SUR DON SANr.lII=: n'ARAf.ON 87

do la mort et no, lui laisse autre ciiose que les favorables refçards delà reine D. Isabelle, sa sœur et son héritière, et delà princesse d'Aragon, D. Elvire, que l'admiration de ses belles actions avait portées toutes deux jusques h l'aimer, mais d'un amour étoulié par le souvenir de ce qu'elles devaient h. la dignité de leur nais- sance. Lui-même avait conçu aussi do la passion pour toutes deux, sans oser prétendre k pas une, se croyant si fort indigne d'elles. Cependant tous les grands de Castillc, ne voyant point de rois voi- sins qui pussent épouser leur reine, prétendant à l'envi l'un de l'autre à son mariage, et étant près de former une guerre civile pour ce sujet, les États du royaume la supplient de ciioisir un mari, pour éviter les malheurs qu'ils en prévoyaient devoir naître. Elle s'en excuse comme ne connaissant pas assez particulière- ment le mérite de ses prétendants, et leur commande de choisir eux-mêmes les trois qu'ils en jugent les plus dignes, les assurant que, s'il se rencontre quelqu'un entre ces trois pour qui elle puisse prendre quelque inclination, elle l'épousera. Ils obéissent, et lui nomment D. Manrique de Lare, D. Lope de Gusman et D. Alvar de Lune, qui, bien que passionné pour la princesse D. Elvire, eût cru faire une làchelé et offenser sa reine, s'il eût rejeté l'honneur qu'il recevait de son pays par cette nomination. D'autre côté, les Aragonais, ennuyés de la tyrannie de D. Garcie et de D. Ramire, son fils, les chassent de Saragosse, et, les ayant aissiégés dans la forteresse de Jaca, envoient des députés à leurs princesses, réfu- giées en Castille, pour les prier de revenir prendre possession d'un royaume qui leur appartenait. Depuis leur départ, ces deux tyrans ayant été tués en la prise de Jaca, D. Raimond, qu'ils y tenaient prisonnier depuis six ans, apprend à ces peuples que D. Sanche, leur prince, était vivant, et part aussitôt pour le cher- cher à Bubierça, où il apprend que le pêcheur, qui le croyait son bis, l'avait perdu depuis huit ans, et l'était allé chercher en Cas- tille, sur quelques nouvelles qu'il en avait eues par un soldat qui avait servi sous lui contre les Maures. 11 pousse aussitôt de ce côté- là, et joint les députés comme ils étaient près d'arriver. C'est par son arrivée que l'aventurier Carlos est reconnu pour le prince D. Sanche ; après quoi la reine D. Isabelle se donne à lui, du con- sentement même des trois que ses États lui avaient nommés ; et D. Alvar en obtient la princesse D. Elvire, qui, par cette recon- naissance, se trouve être sa sœur. »

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