SUR DON SANCHE D'ARAGON 85
ment dissimulé sous le pseudonyme de Mf^giilbe, pour réduire le drame cornélien en trois actes*, et l'abréger de huit cents vers. Quatre cent vingt-sept vers de Corneille étaient respectés, cent deux étaient modifiés, cinq cent vingt-sept étaient composés de toute pièce 2 ! M. Planât était convaincu pourtant qu'il rendait service à Corneille. En 1833, en 1837, en 1844, c'est l'œuvre de M. Planât qui fut reprise au Théâtre-Français. Elle eut sous cette forme, durant le règne de Louis-Philippe, 28 représentations, dont Corneille n'eut vraiment pas lieu d'être fier. Et pourtant, le n février 1844, Rachel jouait Isabelle. On nous assure qu'elle produisit peu d'effet dans ce rôle et que la pièce fut donnée 5 fois seulement. Nous n'avons point de peine à le croire : le drame entier n'avait plus de sens. Carlos ne s'y croyait plus fils d'un pêcheur, il s'y savait prince, mais cachait volontairement sa condition et son nom. Or tout le drame de Corneille est dans cette erreur de Carlos, dans les brusques révoltes de sa fierté, dans les élans généreux d'une tendresse filiale qui s'égare. Si tout est connu d'avance, nous n'assistons plus qu'au récit plus curieux qu'émouvant d'une aventure banale.
Si l'on ne tient pas compte de ces dernières nprises, qui litté- ralement ont été les dernières, on doit constater ce fait incroyable : depuis plus d'un siècle, la scène française n'a pas revu DonSanche.
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��ARGUMENT DE DOU SANCHE
Sur la demande de M. de Zuylichem 3, à qui Don Sanche est dé- dié, Corneille a placé un Argument en tête de sa pièce, revenant ainsi, mais pour peu de temps, à un usage qu'il avait abandonné depuis ses premières comédies, usage nullement superflu quand
1. Barba, Hautecœur et Martinet, 1833, in-8». En 1844 parut une nouvelle édition de la pièce remaniée, chez Tresse, in-8°.
2. Picot, Bibliographie cornélienne.
3. Sur ce conseiller et secrétaire du prince d'Orange, voyez l'édition du Men- teur, Introduction, t. III.
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