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72 ÉTUDE

Andromède y raffinent sur les sentiments. Andromède, qui aimait déjà inconsciemment Persée avant la victoire remportée sur le monstre, l'aime d'autant plus maintenant qu'elle l'admire davan- tage; mais elle met une sorte de coquetterie à lui dérober ses vrais sentiments, et Persée met son honneur à ne pas vouloir être aimé par obéissance.

ANDROMÈDE.

N'exigez rien de plus : je ne sais point haïr, Je ne sais point aimer, mais je sais obéir...

PERSÉE.

C'est aux courages bas, c'est aux amants vulgaires A faire agir pour eux l'autorité des pères. Souffrez à mon amour des chemins difJercnts. J'ai vu parler pour moi les Dieux et vos parents... Ils vous donnent à moi, je vous rends à vous-même ; Et comme enfin c'est vous, et non pas moi, que j'aime, J'aime mieux m'exposer à perdie un bien si doux Que de vous obtenir d'un autre que de vous.

Mais sa délicatesse lui défend d'insister : il craindrait que le souvenir reconnaissant d'un trop récent service fit violence aux sentiments véritables d'Andromède. Ces sentiments, Andromède, restée seule avec ses suivantes, ne craint plus de les avouer. Elle méprise maintenant Phiuée ; elle le lui dit à lui-même en face, quand il ose se plaindre. Que prétend ce triste fiancé , qui pour revenir à elle attend que le péril soit passé ? Ce qu'il eût dû faire, un autre l'a fait ; laisser agir Persée, c'était lui céder Andromède. 11 a « dai- gné verser des larmes ? » quelle lâcheté de « s'amuser à des vœux » quand il fallait combattre ! Il a reculé devant la mort inévitable qu'ont déjà subie les vingt amants de Nérée, la dernière victime du monstre! quel sujet de honte pour celle dont l'unique amant a voulu lui survivre ! Il s'apprêtait à mourir après la mort de sa fiancée"? mais il lui laissait « l'honneur de périr la première ! » Si elle vit , c'est par un autre, et c'est pour un autre qu'elle vivra. Accablé sous les mépris de celle qu'il aime et qui ne l'aime plus, Phiuée conspire ovec ses amis la perte de son rival heureux. Une alliée puissante les encourage dans leur entreprise.

« Junon se fait voir dans un char superbe, tiré par deux paons, et si bien enrichi qu'il paraît digne de l'orgueil de la déesse qui s'y fait porter. Elle se promène au milieu de l'air, dont nos poêles

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