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SUR ANDROMÈDE 69

Par malheur, Phiuée est uq assez médiocre Achille. « Daus sa fureur puérile, il lance contre les dieux des blasphèmes qui ne demeurent pas longtemps impunis. Éole irrité le renverse d'un coup de foudre, et enlève Andromède au milieu d'un orage, « par- faitement imité 1 », que Corneille décrit avec complaisance : « Ici le tonnerre commence à rouler avec un si grand bruit, et accom- pagné d'éclairs redoublés avec tant de promptitude, que cette feinte donne de l'épouvante autant que de l'admiration, tant elle approche du naturel. On voit cependant descendre Eole avec huit vents, dont quatre sont à ses deux côtés, eu sorte toutefois que les deux plus proches sont portés sur le même nuage que lui, et les deux plus éloignés sont comme volants en l'air tout contre ce même nuage. Les quatre autres paraissent deux à deux a,u milieu de l'air sur les ailes du théâtre, deux à la main gauche et deux à

la droite Le commandement d'Éole produit un spectacle étrange

et merveilleux tout ensemble. Les deux vents qui étaient à ses côtés suspendus en l'air s'envolent, l'un à gauche et l'autre à droite ; deux autres remontent avec lui dans le ciel sur le même nuage qui les vient d'apporter ; deux autres, qui étaient à sa main gauche sur les ailes du théâtre, s'avancent au milieu de l'air, oii, ayant fait un tour, ainsi que deux tourbillons, ils passent au côté droit du théâtre, d'où les deux derniers fondent sur Andromède, et l'ayant saisie chacun par un bras, ils l'enlèvent de l'autre côté jusque dans les nues. »

Acte III. — « Il se fait ici une si étrange métamorphose, qu'il semble qu'avant de sortir de ce jardin Persée ait découvert cette monstrueuse tète de Méduse qu'il porte partout sous sou bouclier. Les myrtes et les jasmins qui le composaient sont devenus des rochers affreux, dont les masses inégalement escarpées et bossues suivent si parfaitement le caprice de la nature, qu'il semble qu'elle ait plus contribué que l'art à les placer ainsi des deux côtés du théâtre : c'est en quoi l'artifice de l'ouvrier est merveilleux, et se fait voir d'autant plus qu'il prend soin de se cacher. Les vagues s'em- parent de toute la scène, à la réserve de cinq ou six pieds qu'elles laissent pour leur servir de rivage ; elles sont dans une agitation continuelle, et composent comme un golfe enfermé entre ces deux rangs de falaises ; on en voit l'embouchure se dégorger dans la pleine mer, qui parait si vaste et d'une si grande étendue, qu'on

1. Parfaict, Histoire du théâtre français.

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