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i ÉTUDE

du roi, de faire les poésies selon les sujets qu'il lui eu donnerait. Cependant M. d'Aubigné dit dans sa Vie, qui est à la tête du Bai-on de Fsenesle de la dernière édition, qu'il est auteur de Circc. Le sieur de Beaulieu, musicien de la reine, eut ordre de composer la musique. Il fut aidé par les musiciens de la chambre du roi, et surtout par M. Salmon. Jacques Patin, peintre du roi, eut le dé- tail de ce qui concernait son métier. Le sujet du ballet est le triomphe de Jupiter et de Minerve; il est en bien des endroits al- légorique par rapport au roi et à la reine. Ce divertissement est le premier opéra qui ait été joué en France i. »

Il est vrai que, selon le chevalier de Mouhy 2, » Beauchamps s'est mépris en annonçant cette pièce comme un ballet et en l'attribuant à Beaujoyeux, qui n'en est point l'auteur ». Mais Beauchamps ne dit point que Beaujoyeux ait été l'auteur des vers, et Mouhy n'indique aucun auteur pour la musique. En l'abseUce de toute indication précise, nous avons peine à croire qu'une pièce si coûteuse ait été une simple « tragédie », une de ces tragédies abstraites du xvi^ siècle, au décor primitif. Beauchamps affirme, au contraire, que le ballet y était composé de douze naïades, dont la reine. Au reste, tous deux s'accordent à dire (Muuhy plus nettement que Beauchamps) qu'on attribuait ce poème à d'Aubigné, jeune alors. Qui eût deviné en l'auteur de Circé le futur auteur des Tragiques ?

C'est l'influence de l'Italienne Catherine de Médicis qui avait inspiré à la noblesse française le goût de ces fètcs brillantes. C'est d'Italie aussi, de Venise, où son père avait été ambassadeur, que Baïf, l'un des esprits les plus originaux de la Pléiade, rapporte l'idée de ces drames musicaux, en vers métriques, qu'il faisait représenter devant une société d'élite, dans son « Académie de musique » du faubourg Saint-Marceau. C'est probablement à la même source qu'un imitateur de l'Arioste et des Italiens, le trop fécond Nicolas de Montreux, sieur de Mont-Sacré, puisa son Ari- mène, pastorale en vers de dix syllabes, en cinq actes, avec un prologue et des intermèdes (1596). La pièce fut remarquée moins pour elle-même que pour les splendeurs de sa mise en scène. On y voyait intervenir, un peu pêle-mêle, les démons, les sorciers, Jupiter armé de sa foudre, Andromède enchaînée au rocher, et Persée combattant le monstre du haut de son cheval ailé.

��1. Recherches sur les théâtres.

2. Abrégé de l'histoire du théâtre français.

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