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SUU IIÉHACLIUS 47

16 i3, comme il leproteudau has;ircl, mais bien 1664. L'Hrraclius t'rauçais avait paru depuis dix-sept ans déjà, et Calderon, qui a dû lecinmaître pendant son séjour à Paris, est bien l'imitateur de Cor- neille. Seulement, il a accommodé àrespaguolc le drame cornélien. M. Vignier a donné de En i".<ia l'/rfa une curieuse analyse, dont nous citerons seulement le début : « La vie sauvage d'enfants allaités par les bêtes, nourris de lenr chair et couverts de leurs peaux, est une fantaisie dont ou s'est avisé dans une multitude de ballets et d'arlequinades. Telle a été la vie de Phocas, délaissé parmi les serpents et les loups jusqu'à sa jeunesse ; puis il est devenu condottiei'e, puis empereur. Telle est aussi la vie d'IIéra- clius et de son frère de lait, que Phocas vient chercher, eu Sicile, dans les cavernes de l'Etna, à vingt ans de leur naissance et de leur enlèvement. Dans ces contrées, l'Empereur reconnaît tm sau vage tout hérissé (description gongoresque) pour être le vieux seigneur qui a dérobé jadis à sa vengeance le petit Héraclius ; il veut frapper les deux pupilles de ce vieillard; mais celui-ci l'em- barrasse en déclarant que l'un des deux est son fils, fils naturel de la jeunesse de Phocas '. » On nous dispensera d'aller plus loin ; une féerie aussi romanesque échappe à l'analyse: enchantements magiques, tremblements déterre, palais mystérieux delà « vérité- mensonge», où grandissent les deux jeunes princes, et qui s'éva- nouit soudain, déguisements, reconnaissances : c'est là l'essentiel d'une pièce parfois amusante, jamais profonde. L'admirable peinture des incertitudes de Phocas a disparu ; nous n'avons plus sous les yeux qu'un tyran de fantaisie, tantôt débonnaire à l'excès , tantôt furieux sans motif. Héraclius est reconnu enfin, et Phocas lui otfre une place à sa cour, dans sa famille 1 Sur le refus, d'ailleurs très paisible, d'Héraclius, il le force à s'embarquer sur un navire qui doit sombrer en pleine mer. Est-il besoin d'ajouter qu'Héraclius se sauve à la nage , qu'il trouve à point pour le sauver et le défendre son cousin, le duc de Calabi'e, à la tête d'une armée, enfin que Phocas est vaincu et mis à mort ?

En vérité, s'il n'était pas démontré que la pièce de Calderon est postérieure, la gloire de Corneille n'y perdrait pas grand'chose : car imiter ainsi, ce serait créer encore. Mais c'est des Annales ecclésias- tiques du cardinal Baronius qu'il s'est souvenu, et M. Viguier a

1. Anecdotes liUeraircs sur P. Corneille.

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