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SUR TITE ET BÉRÉNICE 543

Qui ne dispense pas d'avoir un cœur romain; Ou plutôt des Romains tel est le dur caprice A suivre obstinément une aveugle injustice, Qui, rejetant d'ua roi le nom plus que les lois, Accepte un Empereur plus puissant que cent rois. C'est ce nom seul qui donne à leurs farouches haines Cette invincible horreur qui passe jusqu'aux reines, Jusques à leurs époux; et vos yeux adorés Verraient de notre hyuieu naître cent conjurés. Encor s'il n'y fallait hasariler que ma vie ; Si ma perte aussitôt de la vôtre suivie...

��Non, Seigneur, ce n'est pas aux reines comme moi

A hasarder leui's jours pour signaler leur foi.

La plus illustre ardeur de périr l'un pour l'autre

N'a rien de glorieux pour mou rang et le vôtre :

L'amour de nos pareils la traite de fureur;

Et ces vertus d'amant ne sont pas d'Empereur;

Mes secours en Judée achèveront l'ouvrage

Qu'avait des légions ébauché le suffrage :

11 ni'est trop précieux pour le mettre au hasard;

Et j'y pouvais, Seigneur, mériter quelque part.

N'était (|u'atferniissant votre heureuse fortune,

Je n'ai fait qu'empêcher qu'elle nous fût commune.

Si j'eusse eu moins pour elle ou de zèle ou de foi,

Vous seriez moins puissant, mais vous seriez à moi;

Vous n'auriez que le nom de général d'armée.

Mais j'aurais pour époux l'amaut qui m'a chai'mée,

Et je posséderais dans ma cour, en repos.

Au lieu d'un Empereur le plus grand des héros.

��Eh bienl Madame, il faut renoncer à ce titre. Qui de toute la terre en vain me fait l'arbitre. Allons dans vos Etats m'en donner un plus doux; Ma gloire la plus haute est celle d'être a vous. Allons où je n'aurai que vous pour souveraine, Où vos bras amoureux seront ma seule chaîne, Où l'hymen en triomphe à jamais l'étreindra; Et soit de Rome esclave et maître qui voudra!

BÉRÉNICE.

11 n'est plus temps : ce nom, si sujet à l'envie, Ne se quitte jamais, Seigneur, qu'aveda vie; Et des nouveaux Césars la tremblante fierté N'ose faire de grâce à ceux qui l'ont porté : Qui l'a pris une fois est toujours punissable. Ce fut par là qu'Othon se traita de coupable, Par là Vitellius mérita le trépas; Et vous n'auriez partout qu'assassins sur vos pas.

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