520 ETUDE
��IV
��LKS AUTRES CARACTERES. — L ACTION
Quoi qu'on pense de ce caractère et des éléments divers qui le
- omposeut, on ne lui saurait rel'user une certaine grandeur. C'est
bien Attila que Corneille nous a peiut. 11 nous Ta peint amoureux, et il a eu tort, non point aux yeux de ses contemporains, qui voulaient de l'amour partout, mais aux yeux des modernes, qui malaisément se figurent Attila soupirant pour une femme, et der- rière la femme voient trop la nation, derrière le mariage l'alliance politique. 11 nous semble, toutefois, que ce qu'il faut accuser, c'est moins l'amour d'Attila que l'expression de cet amour. Qui s'étonne lie voir Mithridate amoureux? 11 l'est à sa manière, comme Attila. Mais Attila, et c'est là son infériorité, l'est tout ensemble à la mode des Barbares et à la mode du xviic siècle. 11 passe trop vite des emportements furieux aux galants madrigaux.
A côté de lui, tous les autres personnages pâlissent. Fidèle à ses iiabitudes dram itiques, Corneille a imaginé ici un double amour. Le roi des Ostrogoths, Valamir, aime la princesse romaine Hono- rie ; le roi des Gépides, Ardaric, aime la princesse frauque lldione, qu'aime aussi Attila. Ce que ces rois alliés sont à la cour d'un tel suzerain, on nous l'apprend dès le début :
Ils sont rois, mais c'est tout : ce titre sans pouvoir
N'a rien presque en tous deux de ce qu'il doit avoir ;
Et le fier Attila chaque jour fait connaître
Que s'il n'est pas leur roi, du moins il est leur maître.
Et qu'ils n'ont eu sa cour le rang de ses amis
Qu'autant qu'à son orgueil ils s'y montrent soumis.
Tous deux ont grand mérite, et "tous deux grand courage;
Mais ils sont, à vrai dire, ici comme en otage,
Tandis que leurs soldats en des camps éloignés
Prennent l'ordre sous lui de gens qu'il a gagnés ;
Et si de le servir leurs troupes n'étaient prêtes,
Ces rois, tout rois qu'ils sont, répondraient de leurs têtes.
Ainsi, pour nous servir d'une expression cornélienne, ces rois
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