Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/515

Cette page n’a pas encore été corrigée

StIR ATtîLA 8Ù3

Aux yeux du public tout entier, la tragédie de Corneille offrait un intérêt plus général. Bien que la scène y soit placée dans le No- rique, c'est auprès du berceau de l'ancienne France que nous sommes le plus souvent transportés par la pensée. C'est l'image de la France naissante et grandissante qui domine la scène la plus magistrale, celle de la délibération entre Attila et les deux rois des Goths, ses alliés.

ATTILA.

Rois, amis d'Attila, soutiens de ma puissance,

Qui rangez tant d'Etats sous mon obéissance,

Et de qui les conseils, le grand cœur et la main

Me rendent formidable à tout le genre humain,

Vous voyez en mon camp les éclatantes marques

Que de ce vaste etfroi nous donnent deux monarques.

En Gaule Méroiiée, à Rome l'empereur,

Ont cru par mon hymen éviter ma fureur.

La paix avec tous deux en même temps traitée

Se ti'ouve avec tous deux à ce prix arrêtée ;

Et presque sur les pas de mes ambassadeurs

Les leurs m'ont amené deux princesses leurs sœurs.

Le choix m'en embarrasse, il est temps de le faire;

Depuis leur arrivée en vain je le dillere;

Il faut enfln résoudre; et, quel que soit ce choix.

J'offense un empereur, ou le plus grand des rois.

Je le dis, le plus grand, non qu'eucor la victoire Ait porté Méroiiée à ce comble de gloire; Mais, si de nos devins l'oracle n'est point faux. Sa grandeur doit atteindre aux degrés les plus hauts, Et de ses successeurs l'empire inébranlable Sera de siècle en siècle enfin si redoutable Qu'un jour toute la terre en recevra des lois. Ou tremblera du moins au nom de leurs François.

Vous donc, qui connaissez de combien d'importance Est pour nos grands projets l'une et l'autre alliance. Prêtez-moi des clartés pour bien voir aujourd'hui De laquelle ils auront ou plus ou moins d'appui; Qui des deux, honoré par ces nœuds domestiques, Nous vengera le mieux des champs catalauniques; Et qui des deux enfin, déchu d'un tel espoir, Sera le plus à craindre à qui veut tout pouvoir...

VALAMIR.

Seigneur, dans le penchant que prennent les affaires. Les grands discours ici ne sont pas nécessaires; Il ne faut que des yeux ; et pour tout découvrir, Pour décider de tout, on n'a qu'à les ouvrir.

Un grand destin coinmence, un grand destin s'achève : L'Empire est fret à choir, et la France s'élève. L'une peut avec elle affermir sou appui,

�� �