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Ou y peut tout dire et tout faire Sous Ce grand nom de liberté.

Cet embarras s'accroît lorsque Cotys vient lui demander la main de la belle Mandane ; il laisse échapper, en répondant à Cotys, le secret de son propre amour, amour assez froid, d'ailleurs, car il sait trop que Sparte ne veut pas d'une étrangère pour reiue :

Mais un roi, que son trône à d'autres soins engage.

Doit n'aimer qu'autant qu'il lui plaît Et que de sa grandeur y consent l'intérêt.

Tout le monde aime dans Agésilas, et personne ne sait aimer, sauf peut-être la tendre, mais insignifiante Elpinice, à qui Spitri- date arrache un demi-aveu, dans une scène qui rappelle la scèue de la seconde entrevue dans le Cid. Voyez Mandane ; elle est digne assurément d'être aimée d'Agésilas, car elle comprend l'amour comme lui : bien qu'elle préfère Cotys et qu'elle le lui déclare, elle est résolue à épouser Agésilas :

Mais un grand cœur doit être au-dessus de l'amour.... . N'aunons plus que par politique.

Ah ! c'est une véritable héroïne cornélienne que cette princesse persane ; si Agésilas est trop galant pour un roi de Sparte, elle est, elle, d'une franchise trop superbe pour une Orientale. Non seulement elle avoue au roi son amour pour Cotys, mais à la dé- claration d'Agésilas elle répond par des réflexions politiques sur le danger du choix d'une reine étrangère.

Votre Sparte si haut porte sa royauté,

Que tout sang étranger la souille et la profane;

Jalouse de ce troue où vous êtes monté,

Y faire seoir une Persane, C'est pour elle une étrange et dure nouveauté ; Et tout votre pouvoir ne peut m'y donner place Que vous n'y renonciez pour toute votre race. Vos éphores peut-être oseront eucor plus; Et si votre sénat avec eux se soulève. Si de me voir leur reine indignés et confus, Ils m'arrachent d'un trône où votre choix m'élève. Pensez bien à la suite avant aue d'achever, Et si ce sont périls que vous aeviez braver.

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