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480 ETUDE

Pison, dont l'heureux choix est votre digne ouvrage,

Ne serait que Pison s'il eût eu mou suffrage.

Vous n'avez soulevé Martian contre Othou

Que parce que ma bouche a proféré sou nom,

Et verriez comme un autre une preuve assez claire

De combien votre avis est le plus salutaire,

Si vous n'aviez fait vœu d'être jusqu'au trépas

L'ennemi des conseils que vous ne donnez pas.

��Et vous l'ami d'Othon, c'est tout dire; et peut-être Qui le voulait pour gendre et l'a choisi pour maître Ne fait encor de vœux qu'en faveur de ce choix, Pour l'avoir et pour maître et pour gendre à la fois.

��Qu'un prince est malheureux, quand de ceux qu'il écoute

Le zèle cherche à prendre une diverse route,

Et que l'attachement qu'ils ont au propre sens

Pourse jusqu'à l'aigreur des conseils diU'érentsI

Ne me trompé-je point, et puis-je nommer zèle

Cette haine à tous deux obstinément fidèle,

Qui peut-être, en dépit des maux qu'elle prévoit,

Seule en mes intérêts se consulte et se croit?

Faites mieux et croyez, en ce péril extrême.

Vous, que Lacus me sert, vous, que Vinius m'aime;

Ne haïssez qu'Othon, et songez qu'aujourd'hui

Vous n'avez à parler tous deux que contre lui.

��J'ose donc vous redire, en sex'viteur sincère, Qu'il fait mauvais pousser tant de gens en colère, Qu'il faut donner aux bons, pour s'entre-soutenir, Le temps de se remettre et de se réunir, Et laisser aux méchants celui de reconnaître Quelle est l'impiété de se prendre à son maître. Pison peut cependant amuser leur fureur. De vos ressentiments leur donner la terreur, Y joindre avec adresse un espoir de clémence Au moindre repentir d'une telle insolence; Et. s'il vous faut enfin aller à son secours, Ce qu'on veut à présent on le pourra toujours.

��J'en doute, et crois parler en serviteur sincère, Moi qui n'ai point d'amis dans le parti contraire. Attendrons-nous, Seigneur, que Pison repoussé Nous vienne ensevelir sous l'Etat renversé. Qu'on descende en la place en bataille rangée, Qu'on tienne en ce palais votre cour assiégée, Que jusqu'au Capitole Othon aille à vos yeux

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