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SUR SOPHONISBE

Mais que deviendrcz-vous, si je meurs au combat?

Quel sera votre appui si le sort dos batailles

Vous rend un corps sans vie au pied de nos murailles ?

SOPHONISBE.

Je vous répondrais bien qu'après votre trépas

Ce que je deviendrai ne vous regarde pas :

Mais j'aime mieux, Seigneur, pour vous tirer de peine,

Vous dire que je sais vivre et mourir eu reine.

��N'eu parlous plus, .Madame. Adieu ! pensez à moi, Et je saurai, pour vous, vaincre ou mourir en roi.

Et comment en est-il récompensé? Les Romains sont vain- queurs, S\-phax et Sophonishe sont leurs prisouniei-s ; mais Sn- phonisbe triomphe jusque dans la défaite. .Massinissa vaiui|uiMu- ne songe qu'à elle ; il lui offre pri'sipie aussitôt sa main : elli' l'ai'- cepte, à une seule condition, c'est qu'elle aura le droit de gardiT intacte sa haine contre Rome.

En un mot, j'ai reçu du Ciel pour mon partage

L'aversion de Rome et 1 auniui- de (larlhage.

Vous aimez Lélius. vous aiuiez Sri|iion,

Vous avez lieu d'aimer toute h'ur nation;

Aimez-la, j'y consens, mais laissez-moi ma haine.

Tant que vous serez roi, souffrez que je sois reine,

Avec la liber. é d'aimer et de haïr

Et sans ni'cessité de craindre ou d'obéir.

'Voiià cinelle je suis et quelle je veux être.

.l'accepte votre hymen, mais pour vivre sans maître.

Et ne quitterais point l'époux que j'avais pris.

Si Rome se pouvait éviter qu'à ce prix.

A ces conditions me voulez- vous pour lemme?

Eu vérité, Barcée, la « dame d'honneur » d'Eryxe, avait raison de le dire :

Elle priait bien moins ([u'elle ne commandait.

Que devient Syphax? 11 est bien (|uestion.de lui! En prenant un nouveau mari, Soi)houisbe a cou(iuis un nouvel allié à Cartilage ; tout est là pour rijr :

]i est à mon pays, puisqu'il est tout à moi... L'esclavage aux" grands cœurs n'est poiut à redouter :

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