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442 ^ ÉTUDE

uomtupr une ébauche ou plutôt des arrhes de l'imffirirtalité qu'elle assure à son illustre auteur; et certainement il faut avouer qu'elle a des endroits inimitables et qu'il serait dangereux de relater après loi. Le démêlé de Scipion avec Massiuisse et les désespoirs de ce prince sont de ce nombre : il est impossible de penser rien de [dus juste, et très difficile de s'exprimer plus heureiismuent. L'un et l'autre sont de son invention : je n'y pouvais toucher sans lui faire un larcin ; et si j'avais été d'humeur à me le permettre, le peu d'espérance de l'égaler me l'aurait défendu. J'ai cru plus à propos de respecter sa gloire et ménager la mienne, -par une scrupuleuse exactitude à vi'écartet^ de sa route, pour ne laisser aucun lieu de dire, ni que je sois demeuré au-dessous de lui, ni que j'aye pré- tendu m'élever au-dessus, puisqu'on ne peut faire auquue com- paraison entre des choses où l'on ne voit aucune concurrence. Si j'ai conservé les circonstances qu'il a changées, c'a été par le seul dessein de faire autrement, sans ambition de faire mieux i. »

��II

��L.\ SOPHOMSBE CORNELIENNE

Une résolution si arrêtée de « faire autrement » que Mairet n'était pas sans péril ; mais Corneille ne l'avait pas prise par le seul et puéril désir de s'écarter d'une route battue. Il obéissait à des idées préconçues. Le caractère des tragédies de la seconde manière ^ dans son théâtre est double :

{° Elles sont plutôt de beaux tableaux historiques que des drames émouvants, et c'est pourquoi Corneille écrit : " La mort de Sj'phax était une fiction de M. Mairet, dont je ne pouvais me servir sans faire un pillage sur lui et comme un attentat sur sa gloire. Sa Sophonishe est à lui : c'est son bien, qu'il ne faut pas lui envier ; mais celle de Tite-Live est à tout le monde 3, » C'est donc pour

1. Au lecteur, en tète de Sophonishe.

2. Voyez, au début du premier volume, l'Etude d'ensemble, p. il, 9. Au lecteur.

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