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ÉTUDE

Et, comme je u'ai point les sentimeuts ingrats, Je lui veux conseiller de ne m'épouser pas. Ce serait eu sou lit mettre son euuemie. Pour être à tous moments maîtresse de sa vie; Et je me résoudrais à cet excès d'honneur Pour mieux choisir la place à lui percer le cœur. Seigneur, voilà l'effet de ma reconnaissance. Du reste, ma personne est en votre puissance : Vous êtes maître ici; commandez, disposez, Et recevez eutin ma main, si vous l'osez.

��.Moi! si je l'oserai? Vos conseils magnanimes

Pouvaient perdre moins d'art à m'étaler mes crimes :

J'en connais mieux que vous toute l'énormité.

Et pour la Lien connaître ils m'ont assez coûté.

On ne s'attache point, sans un remords bien rude,

A tant de perfidie et tant d'ingratitude :

Pour vous je l'ai dompté, pour vous je l'ai détruit;

J'en ai l'ignominie, et j'en aurai le fruit.

Menacez mes forfaits et proscrivez ma tète,

De ces mêmes forfaits vous serez la conquête;

Et, n'eût tout mon bonheur que deux jours à durei'.

Vous n'avez dès demain qu'à vous y préparer.

J'accepte votre haine, et l'ai bien méritée;

J'en ai prévu la suite, et j'en sais la portée.

Les traîtres de Corneille sont assurément moins discrets que ceux de Racine ; mais on ne peut refuser à ces fanfarons du crime une certaine grandeur tragique. On sait, au reste, de quel châti- ment immédiat, imprévu de lui seul, est punie l'audace criminelle de Perpeuna. Pompée, Romain, venge un Romain. C'est bien Rome, et Rome seule, qui triomphe : car Viriate elle-même, privée du bras de Sertorius, s'incline devant une destinée plus forte.

��Moi, j'accepte la paix que vous m'avez offerte ;

C'est tout ce que je puis. Seigneur, après ma perte ;

Elle est irréparable; et, comme je ne voi

Ni chefs dignes de vous, ni rois dignes de moi,

Je renonce à la guerre ainsi qu'à l'iiyménée ;

Mais j'aime encor l'honneur du trône où je suis née.

D'une juste amitié je sais garder les lois,

Et ne sais point régner comme régnent nos rois.

S'il faut que sous votre ordre ainsi qu'eus je domine,

Je m'ensevelirai sous ma propre ruine :

Mais, si je puis régner sans honte et sans époux,

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